Hyrgak
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Hyrgak

Forum de la guilde Hyrgak de Slayers Online
 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
Le deal à ne pas rater :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot 6 Boosters Mascarade ...
Voir le deal

 

 Violence incarnée

Aller en bas 
AuteurMessage
Grydan
Admin
Grydan


Messages : 76
Date d'inscription : 01/11/2010

Violence incarnée Empty
MessageSujet: Violence incarnée   Violence incarnée EmptyVen 31 Déc - 2:38

Une tempête de neige fait rage sur la montagne lentement imprégnée d'une teinte rouge. Pas celle de Khuzdul non, bien plus loin que le royaume de Roland IV. Si vous tendez l'oreille, vous pouvez entendre la clameur de combats retentissant dans les grands chemins et précipices du champ de bataille glacial. Des corps gisant de toutes parts, des cadavres dénombrant des centaines de lycanthropes ... Seulement des lycans. Et de ce fait, la situation est sensiblement différente qu'une guerre entre humains et démons. Nuls chocs d'épées, seulement des hurlements de guerre, des déplacement rapides, des crocs et des griffes éventrant et égorgeant tout opposant. Si l'on devait peindre un tel acte, ce serait pour représenter la violence la plus bestiale qui existe sur Vesperae.

Les cris et grognements s'estompent petit à petit, il semble que la bataille prend fin lentement. Deux clans bien distincts se sont affrontés en ces heures fatidiques. Le clan du Nord et le corps armé du roi Canyl. Ces derniers ne semblent pas plus victorieux que leurs ennemis, les pertes sont lourdes des deux côtés, mais personne ne les dénombre, on ne peut que lire la férocité et la soif de sang sur chaque gueule ensanglantée se tournant vers son campement respectif. Un lycan pas nécessairement plus massif que les autres ouvre la marche vers le grossier campement aux tentes couvertes de peaux animales.

Malgré qu'il ne soit pas le plus impresionnant de par son physique, il se dégage une atmosphère oppressante et malsaine de son regard jaune et fourbe. Tous le suivent dans un silence de mort, car elle est omni-présente dans cette vallée enneigée. Vanilius a sans doute déjà commencé son oeuvre, et il risque d'être fort occupé. Contrairement aux autres guerriers, le lycan semblant être l'un des leaders ne porte pas d'armure; il soulève l'entrée de la tente et s'approche d'un autre groupe de lycans alors que la chair à canon l'attend au pied de celle-ci. Ils sont une dizaine environ, et tous le toisent d'un air mauvais et craintif à la fois.

- Il n'est donc pas mort ... murmura l'un d'eux l'air mécontent.

Le plus grand des lycans portant une armure lourde au buste seulement s'approche de celui qui vient d'entrer. Il le regarde de haut d'un air défiant, puis se ravise dans un grognement.

- Tu as pris ton temps Grydan. As-tu défait l'ennemi comme tu l'avais assuré ?

Le regard de Grydan trahit ses pensées. Alors qu'il était entré d'un air presque normal et militaire, ses pupilles s'agitèrent observant chacun des lycans présent. L'excitation, la folie et l'agressivité se mélangèrent dans ses yeux. Il se mit à ricaner d'un air mauvais.

- Ils ne sont pas tous morts... Pas encore.

- Je t'ai demandé s'ils avaient abandonné, je me fiche qu'ils se soient repliés, c'est largement suffisant.

- Mais n'ayez crainte mes chers frères, nous allons les traquer dans la montagne. Nous la connaissons bien. Nous l'arpentons depuis bien plus longtemps qu'eux. Ils mourront jusqu'au dernier, égorgés dans leur espoir de survie.

Les murmures se font de plus en plus nombreux. Des regards haineux, inquiets, désapprobateurs s'abattent sur lui. Personne d'autre ne semble vouloir prendre la parole. L'un d'eux murmure plus fort que les autres.

- ... complètement fou, je l'ai toujours dit.

Grydan ne s'en préocupe pas. Du moins, on ne peut pas affirmer avec certitude qu'il ait seulement écouté les médisances le visant. Il patiente simplement, attendant son heure, attendant qu'on lui donne l'autorisation de reprendre la traque, qu'on lui offre la chance de tuer de sang froid ceux qu'ils ne considère pas de sa race. Sa nuque se craque alors qu'il observe le grand lycan.

- Notre mission est claire, nous devions simplement les mettre en déroute et revenir au château. Tu oserais désobéir à l'Alpha, minable petit loup ? N'oublie pas que tu n'es qu'un capitaine, tu as peut-être été reconnu pour tes exploits de guerre, mais ils relèvent plutôt du sadisme. Prends bien garde à toi Grydan, notre race est droite et fière, toi tu n'es plus que violence.

Grydan se fige. Il n'attendait pas cette réponse là. Il se tourna visiblement hors de lui, et sortit de la tente sous les questions multiples de sa troupe demandant les ordres à suivre. On entend le capitaine hurler de rage et courir à quatre pattes, comme il avait l'habitude de le faire. Cette attitude lui valait souvent le comparatif avec une simple bête dénuée de raison.

Les membres autoritaires de la faction décidèrent de lever le camp, mais la troupe de Grydan avait disparue. On raconte que ces lycans étaient autrefois des criminels et d'anciens détenus, et qu'ils accordaient une confiance extrême envers leur capitaine qui avait su accepter leur violence et s'en servir pour représenter le roi Canyl. Il fut décidé de ne pas se préocuper de leur sort, leur mort aurait fait plaisir à grand nombre de lycans.

Deux jours s'écoulèrent, et la vie au château avait repris son cours. Les armées du nord ne s'étaient plus manifestées, et les survivants furent félicités de nombreuses fois par le roi Canyl. Ce dernier demanda ce qu'il était advenu de Grydan et de sa troupe. Il avait toujours été curieux de voir ce que pourrait accomplir celle-ci. On lui répondit simplement qu'ils avaient désobéi aux ordres et qu'ils s'étaient jetés dans la gueule de l'ennemi, qu'ils étaient sans doute morts sans quoi ils seraient rentrés depuis. Balivernes.

Alors que la lune était à son paroxysme, les gardes du château aperçurent une ombre marchant lentement au loin. Ils s'empressèrent ainsi de l'interpeller, épées en pattes. Les rayons lunaires éclairèrent une gueule effroyable déformée d'un grand sourire sadique. Le capitaine Grydan était de retour, seul. Mais ce n'est pas tout à fait exact, car il tenait entre ses deux pattes trois gueules de lycans du nord, qu'il avait arrachées lui même avec acharnement. Le froid de la montagne avait gelé sa fourrure ainsi que ses trophées de chasse, mais malgré ses multiples blessures, il ne semblait pas souffrir excessivement.

Les gardes restèrent silencieux un court instant, puis baissèrent leurs armes avant de briser le silence.

- Bon ... retour parmi nous capitaine Grydan. Où est votre troupe ?

- Ils sont tous morts.

L'autre garde inclina la tête tristement, fixant le sol de pierre. En réalité il n'éprouvait aucune pitié envers ces criminels qu'il ne considérait pas comme des soldats.

- Je vois... Mais on nous a dit que vous étiez mort. Sans cela vous avez simplement désobéi aux ordres, je vais vous laisser passer mais il se peut que vous n'alliez pas bien loin.

- Je les ai tous tués. Ils sont tous morts. Aucun ne s'est enfuit. Ni ceux du nord, ni les nôtres. Ils avaient peur, ils étaient épuisés. Cessons la traque capitaine, c'est inutile... Ils me répétaient ça tout le temps. Mais leurs jérémiades ont cessé les unes après les autres. Ils ne sont pas tous morts en se battant contre l'ennemi en fuite, il y en avait qui respiraient encore, oui. Mais ils ne seraient pas rentrés vivants, alors je les ai achevés et j'ai mangé leur cœur pour ma propre survie.

Les deux gardes s'échangèrent un regard identique. Il recommençait.

- Ils sont tous morts. Laissez moi passer maintenant, j'en ai finit.

Grydan passa entre les deux gardes, puis lâcha ses trophées de guerre. Il s'écroula lourdement au sol, son arcade s'ouvrant sous le choc. Il avait été assommé par ses frères. Son corps ensanglanté fut trainé jusque dans le palais, et plusieurs nuits passèrent avant qu'il ne se réveille. Et quel rêve plus douloureux que celui où l'on se trouve dans une prison glaciale, attaché de toutes parts par des chaines d'acier, et la vue complètement étouffée d'une lanière de cuir ?

Il entendit des bruits de pas, des voix rauques et familières, il n'avait pas mis bien longtemps avant de mettre des noms sur les responsables de sa situation. Ces pas ne pouvaient appartenir qu'à Bralak, son supérieur direct qui l'avait mis hors de lui à la fin de la bataille.

- Tu sais pourquoi tu es là cafard ?

- Parce que tu me crains Bralak. Je l'ai toujours su. Il rit de bon coeur. Mais je ne t'en veux pas, après tout tu as fait le bon choix. Qui sait, j'aurais sans doute finit par te tuer toi aussi, car tu es un lâche. Pourquoi ne prends-tu jamais part aux combats ? Tu te vantes d'être le plus fort, mais tu as peur de salir ta belle armure.

Un coup lui est porté à travers la grille, il ne le voit pas venir et crache du sang au sol. Son sourire mauvais disparait et laisse place à une gueule enracinée dans la haine et la rage.

- Tu parles beaucoup pour un simple capitaine. L'arrogance te sied tellement bien Grydan, mais malgré tout je tiens à te féliciter pour avoir débarrassé nos rangs de ta troupe dégoutante. Je commençais à ne plus supporter cette odeur de déchets. Mais tu m'aurais simplifié la tâche en mourant avec eux. Le roi Canyl a toujours été très intrigué par ton cas, je ne peux donc pas te faire exécuter si facilement ... Néanmoins les gardes ont rapporté le fait que tu avais massacré tes propres hommes, et pour cela il ne fut pas si clément que d'habitude.

Pourtant continue d'avoir foi envers notre Alpha, derrière les barreaux. Il a épargné ta vie, mais tu consacreras cette dernière à te morfondre dans ta folie et t'étrangler dans ta violence. Ah, et pour la lanière de cuir ornant ta gueule, elle retranscrit parfaitement le fauve que tu es. Aveugle de toute droiture, ne se fiant qu'à ses plus bas instincts. Il se met à rire.

Les geôles n'ont jamais été aussi obscures dans ses souvenirs. Il aurait bien aimé revoir la lueur de la lune une dernière fois. Après quelques semaines de détention il apprit d'une discussion de gardes ennuyés qu'il était condamné à la perpétuité. Chaque jour passant contribuait à son enfoncement progressif dans les ténèbres et de la violence. Il ne savait pas s'il allait sortir un jour, il commençait déjà à perdre toute notion de temps, et même sa mémoire devenait chaotique. Mais au fond de lui, il sentait que son heure allait revenir. Le destin lui avait réservé une vie palpitante et féroce, riche en combats et en morts par centaines.

Il avait vu juste.

Dix années passèrent, et la grille s'ouvrit enfin. Grydan n'était plus que l'ombre de lui même, maigre et au corps meurtrit par ses bracelets d'acier, silencieux comme une tombe qu'on pourrait croire qu'il avait perdu l'usage de la parole ... Une voix neutre s'adressa à lui. Sans doute un des gardes qu'il ne comptait plus.

- Tu es libre. Le roi Canyl a décidé que chaque lycan en état de se battre devait servir à sa campagne contre les humains.

- ... tuer.

Ce fut le dernier mot qu'il prononça dans cette cellule, et il continua de le prononcer pour se parler à lui même durant de nombreux jours. La bête avait été relâchée.
Revenir en haut Aller en bas
https://hyrgak.forumgaming.fr
 
Violence incarnée
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Hyrgak :: Hors jeu de rôle :: Recueil d'oeuvres-
Sauter vers: